Aujourd’hui est l’une de
ces journées baignées de soleil comme on les aime. Les arbres prennent
doucement leurs teintes vert tendre. A chaque lever, je guette les signes du
printemps. C’est la période de l’année que je préfère !
Et pourtant, aujourd’hui,
malgré ce beau soleil et l’appel vibrant de la nature, je suis restée devant
mon pc pour mettre à jour mon site web. Pas que je veuille vendre à tout prix,
non. Mais pour satisfaire à la paranoïa ambiante générée par la précarité de
nos professions depuis que le Ministère de la Santé s’est mis à légiférer en la
matière.
Je ne connais pas les
détails de l’affaire, mais il est revenu à mes oreilles qu’une collègue de
Flandre qui pratique la kinésiologie, entre autres outils (coaching, hypnothérapie,
…) avait été « entendue » par la Police, sur ordre du Ministère de la
Santé, pour « exercice illégal de la médecine ». Elle ne fait pas partie
de l’association de kinésiologues dont je fais partie, dès lors je ne connais pas les tenants et aboutissants de cette histoire, mais ça a quand même de quoi faire flipper !
Quiconque a fréquenté le
cabinet d’un kinésiologue (en tous les cas de l’association de kinésiologues
dont je suis membre) sait qu’il ne fait pas
de médecine ! On ne prescrit rien, on n’établit aucun diagnostic, on ne
soigne pas. Sur les bancs de l’école de kinésiologie où je me suis formée, on
nous a seriné cela maintes et maintes fois. Et avec raison !
On nous a également
déconseillé d’utiliser les termes : thérapie, thérapeute, thérapeutique,
soigner, guérir, etc.
En effet, nous ne sommes
pas thérapeutes, pas plus que nous ne sommes médecins. Néanmoins, la
kinésiologie est un métier à part entière, et un excellent complément à toutes
les formes de thérapies plus classiques (psychologie, psychiatrie, médecine allopathique,
…).
Dans un premier temps,
j’avais adhéré à la Fédération de kinésiologie. Avec le temps, j’ai réalisé que
c’était juste une vitrine et qu’elle ne remplissait pas son rôle de fédération.
C’étaient de gentils amateurs.
Chemin faisant, j’ai
également constaté qu’il y avait de grandes disparités de niveaux entre les
kinésiologues. Si personnellement je me suis formée dans une école avec un
niveau d’exigences élevé et une formation complète (près de 1.400 heures de
cours, examens, cours en anatomie, en psycho-communication, en éthique et déontologie,
etc), cela ne semblait pas être le cas des autres centres de formation en
kinésiologie. En effet, une personne ayant suivi quelques modules de
kinésiologie peut se proclamer kinésiologue, sans accomplir le parcours complet
que certains d’entre nous ont fait.
Dans ce contexte, comment
faire confiance au praticien en kinésiologie que l’on va consulter ? Surtout
dans la situation politique actuelle, où le Ministère de la Santé légifère et
commence à s’intéresser à tous les métiers « complémentaires », comme
ce fut le cas pour les naturopathes, les ostéopathes et, plus récemment, les
psychothérapeutes.
Depuis mon départ de la
fédération, ils ont fait un effort, mais c’est encore insuffisant en matière de
professionnalisation de notre métier.
J’adhère depuis 2 ans à
l’Association Professionnelle de Kinésiologues - APK-BvK Asbl[1],
qui a été fondée en 2014 par une kinésiologue soucieuse de professionnaliser la
kinésiologie, afin de protéger notre métier.
Assistée de juristes et d’avocats
spécialisés dans ce domaine, soutenue par un noyau de kinésiologues ayant 20
ans de métier, elle a consacré des mois à monter cette association, de manière
à la rendre la plus solide et la plus inattaquable possible et à ce qu’elle
soit un réel outil au service de notre profession et de ses professionnels.
Cette association protège ses membres, mais aussi les clients de ses membres,
et bien d’autres choses encore. Pour en devenir membre,
il faut répondre à des critères correspondant à un niveau de
« bachelier professionnalisant ». Cela se base sur ce qui se fait
pour la kinésiologie et d’autres métiers similaires dans d’autres pays en
Europe.
Depuis sa fondation,
l’APK-BvK Asbl semble boudée par les professionnels de la kinésiologie.
Pourtant, une telle association est indispensable aujourd’hui, puisque la
fédération ne remplit pas et n’a manifestement jamais rempli cette mission.
Dans un monde qui prône
la facilité, le niveau d’exigences de l’APK est élevé : un cursus complet
s’étalant sur plusieurs années, un nombre élevé d’heures de formation, examens,
mémoire de fin d’études, être suivi par un superviseur, assister à
des intervisions entre collègues, obligation de souscrire une assurance RC professionnelle
spécifique pour kinésiologues, …
En soi, rien
d’extraordinaire. Sauf qu’à part l’Institut Belge de Kinésiologie (pour encore
quelques mois seulement), aucun centre de formation en Belgique n’offre le
niveau de formation requis.
La plupart des centres de
formation proposent un éventail de techniques et non pas un métier, comme c’est
le cas de la plupart des métiers qui entrent officiellement dans le système de
formation actuellement reconnu auprès des administrations.
De même, ces centres de
formation semblent refuser de se remettre en question. Tout au plus ont-ils
introduit dans leur offre une proposition de
quelques heures de cours en anatomie et éthique/déontologie.
Ces mêmes centres de
formation ne veulent pas faire passer un seul examen à leurs élèves, sous
prétexte que « les gens ne veulent pas » et ils ne proposent pas de
programme complet « par manque de moyens ».
Si ces arguments sont compréhensibles,
ne pourrait-on imaginer que les centres de formation s’associent entre eux pour
assurer tous ensemble un cursus complet de qualité, sans se mettre
individuellement en difficulté financière ? Ne pourraient-ils également
s’entendre entre eux pour tous exiger de leurs élèves qu’ils se soumettent à
des examens pratiques et théoriques ?
Actuellement, la
fédération a pris sur elle de faire passer un examen pratique aux kinésiologues
qui souhaitent intégrer ses rangs. Mais ce n’est pas le rôle d’une fédération.
Et quelle garantie de qualité cela donne-t-il ?
Je ne comprends pas que
tous les kinésiologues et tous les centres de formations et écoles de Belgique
ne se serrent pas les coudes. Comment peuvent-ils se planter la tête dans le
sable et ne pas voir ce qu’il se passe aujourd’hui ? Ce n’est pas parce
qu’on est seul dans son cabinet quand on exerce que l’on est à l’abri du monde
du dehors. Que ferons-nous si l’on nous interdit d’exercer notre métier ?
A l’heure actuelle
l’Union Belge des Naturopathes, qui s’est magnifiquement bien défendue jusqu’au
conseil d’Etat, accueille ses membres avec un cursus de 4 années, et pour les ostéopathes, on monte à 5 années de formation.
Il faut se poser la question de savoir si l’on défend un
métier (cursus) ou une simple technique acquise en quelques heures, avec le risque de se faire inclure d’office dans un métier déjà établi, comme ce fut le
cas pour les psychothérapeutes.
Il faut nous unir. Il
faut mettre en place ce qui est nécessaire pour protéger notre métier et ne pas
être obligés, comme les psychothérapeutes et les écoles de psychothérapie, de
changer de métier ou d’aller de recours en recours en justice contre l’Etat…
C’est l’objectif majeur de l’APK-BvK[2]
aujourd’hui. Mieux vaut prévenir que guérir. Vous ne pourrez pas dire que vous
n’aurez pas été prévenus.
Bon week-end à tous.
[2] Tout
le monde peut apporter son soutien à l’APK-BvK Asbl en devenant :
- « membre
adhérent » avec un versement de 50€, pour être tenu au courant du travail de l’Association, ou
- « donateur » et verser une somme libre pour couvrir les frais de
conseils juridiques et les rencontres auprès des Associations et
Administrations.